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jeudi 7 octobre 2010

#122

« Il n’est rien qui ne puisse se dire et l’on peut dire le rien. On peut tout énoncer dans la langue, c’est à dire dans les limites de la grammaticalité. On sait depuis Frege que les mots peuvent avoir un sens sa référer à rien. C’est-à-dire que la rigueur formelle peut masquer le décollage sémantique. Toutes les théologies religieuses et toutes les théodicées politiques ont tiré parti du fait que les capacités génératives de la langue peuvent excéder les limites de l’intuition ou de la vérification empirique pour produire des discours formellement corrects mais sémantiquement vides. »

Pierre Bourdieu ; Ce que parler veut dire.

« Le réel ne s’efface pas au profit de l’imaginaire, il s’efface au profit du plus réel que réel : l’Hyper-réel. Plus vraie que le vrai : telle est la simulation.

La présence ne s’efface pas devant l’absence, elle s’efface devant le redoublement de présence qui efface l’opposition de la présence et de l’absence.

Le vide lui ne s’efface pas devant le plein mais devant la répétition et la saturation — plus plein que le plein, telle est la réaction du corps dans l’obésité, du sexe dans l’obscénité, son abrécation du vide.

Le mouvement ne disparaît pas tant dans l’immobilité que dans la vitesse et l’accélération — dans le plus mobile que le mouvement si on peut dire, et qui porte celui-ci à l’extrême tout en le dénuant de sens.

La sexualité ne s’évanouit pas dans la sublimation, la répression et la morale, elle s’évanouit bien plus surement dans le sexuel que le sexe : le porno. L’hypersexuel contemporain de l’hyperréel.

Plus généralement les choses visibles ne prennent pas fin dans l’obscurité et le silence — elle s’évanouit dans le plus visible que le visible : l’obscénité. »

Jean Baudrillard ; Les stratégie fatales.