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vendredi 19 février 2010

#63


« Il n’y a qu’à voir la solidarité qu’il y a eu pour les filles exclues de l’école. Pas grand-chose ! Une école pour tou-te-s n’a pas du tout eu l’ampleur du mouvement de soutien aux élèves sans-papiers, ce qui pour moi s’explique assez facilement. Ce n’est pas une question d’Islam, c’est plutôt que les sans-papiers sont hyper précaires, hyper vulnérables, et qu’ils connaissent mal la France, par conséquent « nous les militants, nous pouvons les prendre en charge ». C’est une relation de pouvoir. Mais le jour où le « sans-papiers » dira : «moi je mène ma lutte comme je l’entends », ou encore « je reste ici parce que hier vous m’avez colonisé, et je ne partirai que si vous me rendez tout ce que vous m’avez pris » je ne sais pas s’il sera aussi populaire et aussi soutenu qu’aujourd’hui. Les filles voilées ne sont pas comme les sans-papiers et donc elles agacent : elles sont françaises, elles connaissent parfaitement la langue, les pays, les lois et elles parlent d’égal à égal avec toi. Et c’est justement ça qui fait flipper tant de gens. « Qu’est-ce que c’est que cette petite prétentieuse ? » C’est comme ça que l’on parle de nous ! Si tout le monde ne s’est pas mis d’accord pour nous virer dès 1989, c’est qu’on avait encore de la pitié pour nous, on nous prenait pour des pauvres filles, victimes de leurs pères ou de leurs frères. C’est quand nous nous sommes affirmés libres et égales que nous avons suscité de la peur et de la haine. »
Hanane, 27 ans, Saint-Denis; citée dans « Les filles voilées peuvent-elles parler ? A propos d’Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian, Les Filles voilées parlent. »

Terme visuel : Lamia Ziade; Great syrian nude.